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Affichage des articles du 2015

Odeurs d'Afrique (épisode 6/6)

Attachements Autre et dernière incursion dans ce lieu – capitale, les halls de quelques hôtels restaurants tamisés de silence et d’aération. Là, peu de bruit et peu d’odeurs, une sourdine musicale de quelques anciennes chansons françaises, ou de blues, et des tables de deux, ou quatre, occupées par les expatriés du moment, et quelques couples « mixtes » qui chuchotent et sirotent les apéritifs sirupeux   en cocktails fruités et alcoolisés. Les plats et les desserts ne sont pas toujours d’une grande originalité, arrangés qu’ils sont par un personnel naviguant ayant quitté la terre gauloise pour un long périple africain, le Tchad étant l’une des dernières étapes du voyage. Les âges qui se font face ou se resserrent d’un côté du fauteuil se rient des conventions générationnelles et la jeunesse tantôt noire ou blanche, accompagne sans effort apparent la généreuse opulence d’une maturité accomplie, si ce n’est assagie ; ici, chacun se donne les moyens d’une autre respiration, et les co

Odeurs d'Afrique (épisode 5/6)

Propylées Après quelques pérégrinations sans but consumériste, mais qui se sont toutes achevées par des achats du futile et de l’indispensable, une bâtisse a sa porte ouverte, qui semble pouvoir offrir une fraicheur débarrassée de la poussière et des bousculades : on y entend quelques musiques chantées, et nous rentrons pour découvrir une cérémonie de Noël, à laquelle participent différents groupes en costume et en toge, vert, brun et bleu, en pagnes unifiant et distinguant les quartiers et les « cellules ». La cérémonie est orchestrée par un micro derrière lequel invite à la prière et à l’oraison un homme, fort et chantant ; les fidèles, puisqu’il s’agit d’une église, répondent à ses offres par des « amen » de plus en plus rythmés, puis les corps se mettent à chanter. La salle assise se dresse, se redresse, et la danse emporte les prières vers la beauté des harmonies charnelles et gestuelles qui s’offrent   au dieu qu’ils louent et chantent en appelant sa paix et sa puissance d

Odeurs d'Afrique (épisode 4/6)

Sables et étals Odeurs de fruits qui s’échappent des petits tas pyramides que les mains dérangent et déplacent, mais qui sont très vite rattrapées et recouvertes par la ténacité des odeurs de   gazoil et d’essence de l’environnement urbain. Il faut alors passer une autre étape, en s’enfonçant dans les ruelles de la ville, qui ne s’offre qu’après l’abandon des grandes places, celle de la liberté, de la nation, et des grandes pancartes traversantes, qui en   appellent à la solidarité nationale, et à l’union contre Ebola, pour la santé et pour la responsabilité individuelle et collective. Alors arrivent et s’entremêlent les parfums, persil et cardamone, musc et benjouin, tapis et   cuirs, étoffes, thés et boissons au gingembre, jus de bissap (Karcandji). Protégés des allées et venues des taxis et des motos, les étals colorés sont là, qui attendent, en compagnie de quelque vendeur, plus rarement du patron que l’on voit arriver parfois d’un réduit ombré qu’il partage avec d’autres, et

Odeurs d'Afrique (épisode 3/6)

Entre hier et demain ? Il reste à revenir au fleuve, et à sa faune, dont les vols   et les survols traversent les frontières et dont les nages et nageurs chevalins et écaillés invitent à la redécouverte de la splendide sauvagerie d’un paysage africain peint d’éléments vivant de la vie dont ils se nourrissaient déjà il y a 4 milles ans. Paysage aux scènes immobiles, ou immuables dont les gestes des acteurs résistent aux modes appelées progrès, en se reproduisant dans la simplicité de leur efficacité quotidienne. Ainsi se déroulent et se développent les grands filets projetés aux cieux par des bras et des élans qui se répètent en de multiples essais de pêche de quelques unes des centaines d’espèces de poissons du fleuve, non encore contaminé par la perche nilote omnivore et dévastatrice. Lumière d’un jour neuf, qui m’attend en soleil jaune et blanc, sur le sentier bordant la route et dont les graviers ensablés me font regretter la paire de nu-pieds, préférée aux fermetures du cu

Odeurs d'Afrique (épisode 2/6)

Odeurs immigrées En sortant de la salle de contrôle, j’inspire de toute la force de mes poumons,   et pour la première fois depuis des années, je m’arrête en face de la terre africaine et de mes souvenirs, pour retrouver ce que j’ai si longtemps cherché, et qui m’a tellement manqué, dans tous les aéroports que j’ai traversés,   les odeurs de l’Afrique. Ces odeurs d’Afrique, chaudes et fortes, de sable   et terre, ocres, jaunes et brunes,   et qui m’annonçaient de belles découvertes et d’immense solitudes, sur le fleuve, en brousse,   aux abords des villages, et des cités, sur les lagunes et dans les dunes. Ces odeurs d’Afrique, fortes et enivrantes, et douces et si riches dans leur finesse foisonnante et changeante avec la naissance du jour, et l’arrivée de la nuit , en chaleurs qui perdurent de nuitées en nuitées, jusqu’au réveil, et portées par un corps dont la sueur entraine et contraint à s’accepter comme diffuseur de sensations olfactives, pour l’autre, homme et bête croisés

Odeurs d'Afrique (épisode 1/6)

Papiers sans odeurs Fiches à renseigner, dans l’avion, à la fin du voyage. Premier souvenir de l’avant, des premiers passages, au temps de la coopération, il y a déjà 22 ans, lorsque nous les avons vues pour la première fois ces demi-feuilles grises, et légèrement cartonnées, et que ce pensum administratif   nous paraissait bien long, voire inutile, puisque nous devions en remplir une pour chaque voyageur,   et que ce que nous avions déclaré allait être recopié parfois péniblement (vive les gauchers) dans sa guérite par le préposé au contrôle aérien. Inutile de chercher en les humant, un reste de parenté avec les senteurs boisées des forêts Saras, ou du Mayombé. Comme avant, elles seront à donner au contrôle, à l’arrivée. Il y est demandé l’adresse de résidence, à deux reprises, et le temps pendant lequel nous serons au Tchad. Une fois débarqués, et installés, nous aurons trois jours pour déclarer de nouveau notre séjour au commissariat central de la capitale, et répondre au

Bonne année !

Je vous souhaite un bon début d'année...pour le reste, ou pour la suite... il faudra aller chercher les petits bonheurs du quotidien. En ces temps pendant lesquels s'obscurcissent les étoiles, gardons-nous de la haine, restons à l'écou te et attentifs. Ce qui était appelé interculturel, sans pertinence aucune, et sans grand égard pour les distances, et les différences, nous éclate au visage.... Parce que depuis quelques années, les symboles reviennent en force, pour nous dire que l'alter existe qui prend d'autres mesures de la réalité, que simplement le simple confort d'une société du refuge  et du progrès linéaire de la démocratie qui s'autorise le débat, pourvu qu'il soit dans le cadre d'un logos capté par les puissants et les sachants. L'alter existe, qui dit et fait autrement, en s'attaquant à des rituels