extrait de www.deslettres.fr
Lettre de Victor Hugo à Lamartine : « Voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables »
Mon illustre ami,
je comprends, je veux et
j’appelle le mieux ; le mieux, quoique dénoncé par le proverbe, n’est
pas ennemi du bien, car cela reviendrait à dire : le mieux est l’ami du
mal. Oui, une société qui admet la misère, oui, une religion qui admet
l’enfer, oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société,
une religion et une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en
haut, vers l’humanité d’en haut et vers la religion d’en haut que je
tends : société sans roi, humanité sans frontières, religion sans livre.
Oui, je combats le prêtre qui vend le mensonge et le juge qui rend
l’injustice. Universaliser la propriété (ce qui est le contraire de
l’abolir) en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but :
tout homme propriétaire et aucun homme maître, voilà pour moi la
véritable économie sociale et politique. Le but est éloigné. Est-ce une
raison pour n’y pas marcher ? J’abrège et je me résume. Oui, autant
qu’il est permis à l’homme de vouloir, je veux détruire la fatalité
humaine ; je condamne l’esclavage, je chasse la misère, j’enseigne
l’ignorance, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine.
Voilà ce que je suis, et voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables.
Dans ma pensée, Les Misérables ne sont autre chose qu’un livre ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime.
Maintenant jugez-moi. […]
Voilà ce que je suis, et voilà pourquoi j’ai fait Les Misérables.
Dans ma pensée, Les Misérables ne sont autre chose qu’un livre ayant la fraternité pour base et le progrès pour cime.
Maintenant jugez-moi. […]
Quel beau métier : professeur !
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