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Ø MALI
Gao, fin de la saison des pluies :

 

Arrivée le 26 septembre à 15h (h locale).

SOLEIL CHALEUR et vent sec qui plaque les grains de sable sur le visage à la sortie de l’avion (Bamako-Gao)

Quelques cases entourent une construction en dur, de la taille d’un petit garage domestique, au toit de tôle : c’est probablement ici que vivent et travaillent les contrôleurs aériens. Leurs enfants, timides et nus, regardent le défilé des arrivées.

La descente de l’appareil volant est une descente dans la fournaise, en quelques marches. Je suis attendu, nous sommes attendus, Jacques, Christian et moi par un missionnaire, père blanc, qui nous souhaite la bienvenue. Le nom qu’il annonce, H…ez et l’accent qu’il fait entendre me le font supposer espagnol.

Poser le pied sur la partie goudronnée de l’aéroport, quelques centaines de m2, est risqué, tant le goudron dégage de la chaleur et une odeur qui masque presque les odeurs riches et fortes qui m’environnent comme un drap.

 

Enfin là ! après l’attente du départ, celle du bateau à Marseille, de l’accostage à Dakar, puis celle du train, et celle du décollage…après ces préparations, moto mise en caisse soigneusement cloutée, lectures ajourées sur le Mali, en reportages et photographies, sac à dos à emporter, et malle à confier au transporteur à Pontarlier…Et puis, ces aurevoirs, qui prennent parfois des allures d’adieu, à une famille qui n’a pas beaucoup bougé, et dont les seules expériences d’expatriation n’étaient nullement volontaires :

-  un grand père passé par Thessalonique en 1916, et ramenant les fièvres (paludisme ?) de son périple armé, et vainqueur, mais dont les souvenirs avaient fondu comme neige en mai au retour dans son village.

- deux de ses fils (mes oncles, donc) appelés en Algérie en 54 et 56, l’un à Laghouat, l’autre à Blida, pour soutenir quelques colons et une certaine idée de la France impériale.

- un cousin parti faire son service militaire vers la frontière, en Allemagne, à Offenburg, je crois et l’ayant si mal vécu qu’une saloperie de virus (déjà !), s’était attaché à sa hanche, jusqu’à la déformer.

La 2ch qui nous amène jusqu’à notre prochain lieu de vie cahote sur une piste qui n’est voie goudronnée que pendant quelques centaines de mètres en sortant de l’étrange terrain d’atterrissage, annoncé par une pancarte en bois comme aéroport international de Gao. Le missionnaire conduit sa voiture avec l’assurance d’un homme bien renseigné, et habitué à faire le taxi.

En quelques sauts et rebonds nous arrivons à la mission, petit ensemble de bâtiments comprenant une église (catholique), une case tout en longueur qui se compose de la cuisine, du garde-manger, et d’un appentis où sont rangés les différents outils. Une cour centrale isole ce premier bâtiment du reste de la propriété ( ?), une bâtisse en dur, qui avait dû être blanche, et qui se divise en deux parties, le consacrée aux repas, et celle réservée au sommeil. La grande salle à manger donne sur un couloir qui permet d’arriver aux différentes chambres. Les trois missionnaires ont chacun la leur. Je partagerai celle de Christian, et Jacques pourra installer dans la sienne son atelier photo.

C’est dans la salle à manger que nous passerons le plus clair de notre temps, puisque le soir après le repas, et parfois les corrections des devoirs donnés aux élèves, nous nous y retrouverons pour un tarot, une belote, ou un poker.

Le repas nous attend, et nous faisons connaissance avec le 2e membre de cette petite communauté, Robert B. un missionnaire belge, de Verviers, à la fine barbe rousse et au grand sourire accueillant et musclé.

Le cuisinier vient nous saluer et il apporte un plat de riz et du poulet, qu’il a fait cuire dans une sauce dans laquelle nagent de belles et grosses olives. Yaya s’occupe aussi du linge, qu’il lave et repasse, et il accueille avec un visage réjoui ces trois arrivées qui vont pourtant augmenter de beaucoup sa charge de travail. Nous n’aurons pendant ces deux ans qu’à nous féliciter de la compétence et de la grande disponibilité de ce père de famille qui quitte son travail souvent tard pour y revenir au lever du soleil, sans vacances et sans autre repos que le dimanche, jour où nous mangions les plats préparés la veille.

Au centre du couloir trône un frigidaire à gasoil, sur lequel nous veillerons avec grande attention, puisque grâce à lui nous aurons de l’eau fraîche, et occasionnellement une ou deux bières pour agrémenter nos soirées. Les chambres restent ouvertes sur la cour, et seront fermées par des volets de fer rabattus en cas de tempête de sable ou de vent violent. Elles serviront uniquement pour la sieste de l’après-midi, et le travail scolaire en début de soirée.

Dans la cour, quelques lits/sommiers en fer, accueillent le dormeur avec sa natte.   Aux quatre coins sont plantés des piquets servant aux moustiquaires.

Le premier coucher fait connaissance avec le hennissement des ânes entr’aperçus sur la piste venant de l’aéroport, l’aboiement de chiens perdus sans collier (Bernanos !) mais surtout d’un ciel inédit, inouï, aux milliers d’étoiles, qui apaise et rassure, et dont la magnificence oblige à la surprise et au frisson.

27/09 Les craintes de la veille d’une nuit sans sommeil à l’épreuve du sommier ferré et de la natte se sont avérées sans fondement. Il fait déjà chaud quelques instants après le lever du soleil de septembre, et le café de 7h nous attend, agrémenté d’un pain frais amené par Yaya, de margarine et de confitures. Le temps de reprendre un second bol, et une première douche au pommeau surprenant, nous sommes dirigés vers « le temple du Seigneur » pour écouter la messe.

N’ayant pas trouvé, à mon arrivée à Bamako, et encore moins à Gao, la malle qui contient, entre autres choses, mes vêtements, Robert me propose une promenade au marché où je pourrai me faire tailler quelques habits d’attente. Je commande donc un pantalon, une veste et deux chemises, dans un atelier où travaillent quelques tailleurs qui me promettent, après m’avoir entouré de mètres à ruban, de me faire le tout dans les trois jours. Le marché est discret comme la ville qui l’entoure. Il longe le Niger, calme et large, et brillant des éclats de soleil qu’il nous renvoie. Les rues qui se croisent et s’entr’aperçoivent à un carrefour sont occupées par les porteurs, les acheteurs et leurs animaux, ânes et chameaux. De part et d’autre, les boutiques. Pas de vitre, portes ou devantures. Il faut pénétrer dans l’obscurité mal éclairée d’une case un peu particulière, tout en longueur. A son entrée, le banc pour s’asseoir, puis quelques étagères s’il s’agit de produits de consommation à exposer, ou quelques machines- outils, quand on vient faire réparer ou fabriquer un meuble, ou un habit. Au fond, veille ou somnole le vendeur, qui patiente, l’oreille et la main accrochées à un petit poste à transistors et à sa cassette.

Il fait chaud quand nous rentrons, et l’eau fraîche est bienvenue, qui fait place ensuite à un repas, riz et sauce dans laquelle on peut trouver quelques morceaux de bœuf, bien assaisonnée aux herbes ( ?) que Yaya amène de son jardin.

Après la sieste, Paul, un instituteur Malien vient nous saluer, et nous emmène à la bibliothèque municipale, attenante au bâtiment principal du collège Gao 3, qui accueille les enfants d’un autre quartier que celui dans lequel nous allons enseigner (Gao 5). Peu de livres, quelques revues de chasse et pêche, don sans doute d’un ancien coopérant, ou d’un des employés français de l’entreprise (la SMEC), installée dans le coin à la recherche de minerais, de pétrole et également, d’eau.

Il est 18h à ma montre. La nuit est là, soudaine et mangeuse de couleurs, puis une forte pluie s’abat sur la ville, qui laisse rapidement place à un vent de sable dont les bourrasques éteignent le peu de visibilité qu’il restait entre le fleuve et la concession. Nous sommes épargnés par les grosses levées de poussière que nous connaîtrons plus tard, jusque dans nos chambres, parmi les grains de riz, et dans le moteur de la vespa qu’un jour j’avais oublié de protéger.

Il faut renoncer à dormir dans la cour, et installer natte et moustiquaire dans la chambre.

Une surprise nous attend au dessert, Yaya nous a fait une glace.

Le lendemain, 28 septembre, nous passons la matinée au collège pour la répartition des matières à enseigner, des horaires, et l’écoute des consignes. L’après midi est occupée à une discussion avec la directrice, qui expose « l’esprit et le genre de la maison », fait connaissance avec ses trois futurs enseignants, et nous instruit sur les élèves dont nous aurons « la charge ». Une majorité de filles, une seule catholique, redoublante d’ailleurs, et des classes d’âge proches des nôtres, puisque les grands élèves, inscrits en 3e, ont de 16 à 18 ans. Les classes rassemblent chacune environ 40 enfants et jeunes.

La soirée est occupée par une belotte et nous découvrons la cagnotte qui servira à d’autres jeux, tarot et poker, chaque fois distribuée, puis dépensée, et chaque fois réalimentée par le remboursement des gains du soir.

29/09, lever à 6h, avec le soleil. Journée de courses au marché. Le tailleur est presque prêt, et les essais qu’il fait de mon nouvel habit, avant les coutures finales, sont concluants : le col mao et le gris du costume ajoutent quelques années au personnage, qui devraient m’être bien utiles dans mon futur métier.

En sortant de chez ce sympathique artisan, nous nous mettons en quête d’une machine à écrire, dont l’école aura besoin pour les préparations de cours. Nous trouvons ce qu’il nous faut à la librairie jouxtant la mosquée.

Nasser est mort. Le Mali est en deuil.

Première séance de cinéma, en plein air, au bord du fleuve. Un film hindou nous emmène dans des univers oniriques et sirupeux, puis nous avons droit à 007 aux prises avec de dangereux malfaiteurs ayant condamné le monde à une contamination planétaire. Le retour passe par une visite au marché nocturne. Chaque table de vente est repérable par une lampe tempête qui n’éclaire que les produits, pain, brochettes et autres cigarettes, le vendeur disparaissant dans la nuit. Nous sommes accostés par deux filles qui veulent s’inviter à boire un verre.

30/09 : tests de français et de maths. Les résultats en mathématiques sont largement en-dessous de ce qu’en espérait Jacques, auquel on avait dit l’intérêt des élèves pour les matières scientifiques. Il va falloir réviser les entrées en matières, et ce dernier en profite pour chercher un peu de frais sous le ventilateur poussif de sa chambre. Joachim, ancien photographe et aujourd’hui instituteur, vient nous dire bonjour, accompagné d’une guitare qui l’accompagnera dans toutes ses visites.

Le tailleur a terminé de coudre veste et chemise. Livraison à domicile, juste prix.

1er octobre : travail en chambre…préparation des cours. J’avance peu. J’apprends en allant dire bonjour du côté de l’école, que les trois jeunes coopérants que nous sommes auront chacun une ou deux classes de Gymnastique à animer. Nous devrons nous arranger pour emmener courir les élèves en début de journée, et emprunter peut-être le stade hippique, qui offre une surface suffisamment grande pour y aller ensemble et ne pas se gêner.

En parlant de stade hippique, il me vient à l’idée d’acheter un cheval, le moyen de locomotion le plus usité chez les Songhaïs, qui sont majoritaires dans le coin. Pêcheurs, ces derniers abandonnent la pirogue à terre pour le cheval, et se différencient des Touaregs qui nous rendent visite sur leur dromadaire les jours de marché.

J’écris à une amie, et reçois ce même jour une lettre de ma famille. Je me promets d’y répondre rapidement. La lettre à A.M. envoyée, hors les bonnes nouvelles conséquentes au voyage et à la perte de ma malle, est à la fois un satisfecit qui porte sur les conditions d’installation, l ‘accueil des missionnaires et des collègues (futurs), la nourriture et les temps de repos. Elle est aussi un constat désabusé (déjà !) qui évoque la posture du petit blanc, étranger plein de « fric », toléré sur la place et le marché grâce à sa bourse et ses envies d’acheter, peu ou pas du tout formé à ce qui va lui arriver, cad enseigner l’histoire et la géographie (occidentale et surtout française bien sûr) à une jeunesse dont les ancêtres ne seront jamais les gaulois, mais resteront oubliés et muets jusqu’au dernier mois de l’année.

C’est alors que je perds mon carnet d’adresse, et mon agenda, et que je me retrouve ainsi dégagé de tous les liens de la concrétude avec le Nord (j’avais déjà laissé la mer emporter ma montre à Dakar lors de ma première baignade dans l’océan). Je vais pouvoir commencer à (m’) apprivoiser. Achat d’un cheval, apprentissage de la langue avec Robert, et étude du passé de l’AOF, royaume mandingue, Songhai et Malinké. A ceci s’ajouteront les visites d’après la classe, dans les familles, musulmanes, pour mieux les connaitre et les observer.

Les jours suivants, qui précèdent l’ouverture du collège, sont passés avec les missionnaires qui nous emmènent en visite dans les villages alentour. Une des activités premières de cette mission sans fidèles, et sans prosélytisme, est affaire de développement local. Celui-ci passant par l’eau, les pères blancs se font mécaniciens et installent, puis réparent des pompes, au centre ou à la lisière des villages, dans les endroits ou la nappe est supposée assez proche. L’accueil est sympathique, et nous sommes reçus par le chef de village, qui offre l’eau et le lait.

Le 6 octobre, je rentre pour la première fois en classe, à 10h. 40 élèves, de 12 à 15 ans. Silencieux et attentifs à deviner ma tension et mon appréhension. Après 4h de cours, je rentre avec un paquet de copies sous le bras, dictée et rédaction. Pour conjurer ma peur, je leur lis d’abord le règlement intérieur (à la classe), en 10 points, que je relis aujourd’hui avec étonnement et désolation… trois mots clés : silence, ponctualité, obéissance. Voilà bien l’expression d’une pédagogie participative et d’un apprentissage expansif…de quoi se faire honnir par tous les grands des pédagogies d’aujourd’hui. Tout est centré sur la didactique, et la tranquillité de l’enseignant. J’allais pendant deux ans faire bouger les lignes, et l’expérience aidant, ainsi que les relations avec les enfants et jeunes qu’on m’avait confiés, devenir plus à l’écoute et à la recherche de leur des contextes spatio-temporels qui participaient de leur identité, et de leurs besoins.

Le dernier chapitre du cours, par exemple, qui devait être consacré à un survol rapide et introductif à l’histoire et aux géographies des royaumes ayant existé en Afrique de l’ouest, occupa pendant la deuxième année la totalité des deux premiers semestres et une partie du 3e. Ce léger changement me valut les remarques acerbes de l’inspecteur qui fustigea mon manque de respect du programme. J’ai eu beau tenter de me défendre, en lui expliquant que les noms que j’avais sur mes feuilles de présence correspondaient lettre à lettre avec les noms des bâtisseurs d’empires africains, -Askia, Keita, Sankaré, Moussa, Diallo, Seydou, Samba, Diarra, Cissé… - et qu’il me paraissait pertinent de faire revivre avec eux, et pour eux, les quotidiens et les luttes de leurs ancêtres, il me menaça de ne pas renouveler mon contrat. Nous étions en fin de 2e année et mon séjour africain se terminait…

7 octobre. Journée sans histoire, je rends les devoirs faits en classe après avoir puni 5 retardataires : Ils passeront une heure ou deux à l’école samedi après-midi.

Le 8, nous sommes invités chez le patron de la société SMEC, qui offre la bière et le whisky. On nous attend également pour le lendemain dans un autre couple français, mais nous apprenons que l’invitation est remise, et qu’elle aura lieu à l’occasion de leur mariage, une semaine après. Ce mariage, qui a lieu le 17, sera l’occasion de faire connaissance avec la bourgeoisie de Gao. Après la cérémonie à la mairie, un repas nous attend dans leur concession. Méchoui, scotch et champagne, disques et danses…Ambiance coloniale, assez bon enfant, l’assistance étant composite et sans grands effets de distinction (vestimentaire) comme je pourrai l’apprécier plus tard à la première réception donnée par l’ambassadeur de France, de passage) à Gao pour une chasse au lion.

Le 18, j’ai droit à ma première leçon de Songhaï quelques salutations et la révélation d’un phénomène langagier qui va interroger une partie de mon habitus culturel. Le salut matinal s’exprime par deux termes : kani bani. Ils sont suivis à l’écrit d’un point d’interrogation et peuvent être traduits par « as-tu bien dormi ? ». On interroge donc son partenaire sur la nuit passée, sans se préoccuper avec lui de la journée à venir. Le bon-jour est remisé dans les placards des impossibilités, ou des inutilités. Qui peut prédire ou prévoir, ou même lancer un souhait sur l’avenir ? J’apprends que dans le pays songhaï, et chez les musulmans en particulier, l’avenir n’appartient qu’à celui qui le fait, cad Dieu ; il n’y a donc pas à se projeter sur quelque lendemain que ce soit. Dieu y pourvoira.

Allah ieftah : c’est dieu qui ouvre…ainsi répond-t-on aux talibés venus s’accrocher à vous pour une pièce dans la sébile.

Par contre, il y a lieu de demander des nouvelles sur la nuit passée. Elle a peut-être été sans sommeil, entre chaleur et présence de djinns importuns. Qui plus est, la position couchée est une affaire de dépendance, et d’impossibilité de fuir, quand viennent à vous les couteaux vengeurs ou ennemis. La protection des murs et des clés fait souvent place à un endormissement dans la cour, en plus ou moins bonne compagnie, les voyageurs étant souvent inviter à passer la nuit, après s’être sustentés. Et l’ancienne tradition des assauts nocturnes pour un territoire ou un puits marque encore les esprits. Enfin, il n’est jamais certain qu’un mort soit totalement satisfait des rites et mesure prises pour lui assurer la sérénité dans l’eau delà. Sa visite impromptue peut déranger votre sommeil. La nuit est alors synonyme de risque…de surprise et de frissons.

Voici en guise d’introduction à un autre paysage culturel, les débuts d’un apprentissage que j’essaierais de poursuivre, non obstant le fait que je n’aurai que de rares occasions pour l’exprimer dans cette langue vernaculaire, et que mes efforts pour y parvenir seront très souvent découragées par des réponses qui viendront s’aplatir devant l’image corporelle que je renverrai. Un blanc.

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