Papiers sans odeurs
Fiches
à renseigner, dans l’avion, à la fin du voyage. Premier souvenir de l’avant,
des premiers passages, au temps de la coopération, il y a déjà 22 ans, lorsque
nous les avons vues pour la première fois ces demi-feuilles grises, et
légèrement cartonnées, et que ce pensum administratif nous paraissait bien long, voire inutile, puisque nous
devions en remplir une pour chaque voyageur, et que ce que nous avions déclaré allait être recopié
parfois péniblement (vive les gauchers) dans sa guérite par le préposé au
contrôle aérien. Inutile de chercher en les humant, un reste de parenté avec
les senteurs boisées des forêts Saras, ou du Mayombé.
Comme
avant, elles seront à donner au contrôle, à l’arrivée. Il y est demandé l’adresse
de résidence, à deux reprises, et le temps pendant lequel nous serons au Tchad.
Une fois débarqués, et installés, nous aurons trois jours pour déclarer de
nouveau notre séjour au commissariat central de la capitale, et répondre aux
mêmes questions avec en prime des informations sur la parentèle, devant le
service immigration qui fournit fiche, stylo et un photographe, aux étrangers
ne s’étant pas munis des impitoyables reflets des matins de brume. Autre mesure
de protection et contrôle, inédite cette fois, celle des hommes en blanc,
masqués, qui tendent vers notre front un appareil sensé leur dire si nous
sommes fiévreux, et portons quelques risques de l’épidémie Ebola. Les 4 marches
vers l’entrée de l’aérogare ne seront franchies qu’à la condition de l’absence
de fièvre, et nous arrivons devant une série de guichets, surmontés de
guérites, dans lesquelles d’autres hommes masqués contrôlent la similitude
entre les éléments d’information donnés sur la fiche, et ceux existant sur le
passeport, et le visa. Il s’agit alors de prendre son tour dans la file
d’attente adéquate, et d’éviter celle réservée aux ressortissant africains,
sous peine de se retrouver un fin de classement, puis, une fois arrivé devant le policier, de tendre
l’oreille pour exécuter les gestes demandés, poser pouces, puis doigts, puis
les mains sur une plaque relevant les signes distinctifs d’empreintes
individuelles.
Enfin,
quelques infirmiers gantés et
abrités eux aussi par un masque, attendant devant le contrôle des bagages,
lisent et visent le carnet de vaccination, et nous souhaitent la bienvenue, et
bon retour au Tchad, après s’être enquis du pourquoi de l’existence de vaccins encore valables
et non renouvelés.
Franz Fanon, ou nouvelle version de
peaux noires et masques blancs ?
(à suivre...)
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